Flâner dans les rues dédiées aux philhellènes

Flâner dans les rues dédiées aux philhellènes

Ils ont parcouru des milliers de kilomètres et ont risqué leur vie pour exprimer leur amour de la Grèce. C’est pourquoi la jeune nation reconnaissante leur a rendu hommage en apposant leur nom sur des plaques de rue. Saviez-vous que la place Kaningos, très animée, porte en fait le nom du philhellène George Canning ou que la rue Lo porte en fait le nom d’Edward Law ? Walking with the Philhellenes, un projet de la ville d’Athènes et d’Elliniki Etairia, offre un aperçu intéressant de la vie de ces personnalités fascinantes et une petite leçon d’histoire de la ville.

Walking with the Philhellenes, un projet d’ELLINIKI ETAIRIA et de la ville d’Athènes, présente, grâce à 62 nouveaux panneaux d’information, les rues portant le nom de combattants étrangers qui ont utilisé le pouvoir de leurs paroles et leur influence pour assurer l’indépendance de la Grèce après des siècles de domination ottomane.

Le maire Kostas Bakoyiannis lors de l’inauguration des plaques de rue, le 2 février. Image par Thomas Gravanis

La guerre d’indépendance grecque (1821-1830) a suscité une vague de soutien sans précédent parmi les Européens et les Américains. Depuis la Renaissance, les Européens avaient associé leur glorieux passé gréco-romain à un âge d’or pour la culture et les mœurs. Ainsi, certains d’entre eux n’ont pas hésité à venir défendre les descendants de ces ancêtres vénérés dans leur combat pour la liberté contre les « barbares » Ottomans – tout comme ils l’auraient fait contre les Perses aux Thermopyles et à Marathon.

Le mouvement philhellène s’épanouit dans un certain nombre d’États allemands et en France, en Grande-Bretagne, en Italie, en Suisse, aux États-Unis, ainsi qu’en Scandinavie – et jusqu’en Inde, colonie britannique à l’époque. Dans ces pays, des comités philhellènes sont créés pour collecter de l’argent et envoyer des produits médicaux et alimentaires aux Grecs ; ils publient également des articles philhellènes dans la presse et aident les centaines de volontaires qui souhaitent s’engager dans la guerre à se rendre à Marseille ou Livourne à destination du Péloponnèse, d’Hydra ou de Missolonghi. Environ 1 200 jeunes hommes venus d’Allemagne, principalement, mais aussi de France, d’Italie, de Suisse, de Grande-Bretagne, des États-Unis, des Pays-Bas, ainsi que de Pologne, de Hongrie, de Scandinavie, d’Espagne et du Portugal, sont venus se battre du côté grec. Quelque quatre cents d’entre eux sont morts au combat ou des suites d’une maladie.

D’éminents auteurs et poètes, tels que Shelley, Byron, Pouchkine, Goethe, Chateaubriand, écrivirent des poèmes enflammés et des œuvres littéraires inspirées par la cause grecque ; des peintres, tels que Delacroix, représentèrent des épisodes mettant en scène les actes de bravoure des héros grecs ; des sculpteurs, des compositeurs de musique, des acteurs et des metteurs en scène produisirent des œuvres inspirées par la lutte des Grecs, renforçant ainsi la vague de soutien qui traversait l’Europe.

Parmi ces endroits dont le nom interpelle le flâneur attentif, il y a la rue Satovriandou, perpendiculaire du grand boulevard du « 3 septembre » et qui tient son nom de… François-René de Chateaubriand ! Ou encore la rue Didotou où se trouve l’École française d’Athènes qui tient son nom – et c’est heureux – d’Ambroise Firmin Didot, éditeur et imprimeur français qui fonda le comité philhellène de Paris en 1824.

Rue Didotou ©Thomas Gravanis

Le mouvement philhellène a joué un rôle essentiel dans l’issue positive de la lutte grecque et la création de la Grèce, en février 1830, en tant que premier État-nation indépendant de la Méditerranée orientale. Les efforts déployés ensuite par les Grecs d’autres territoires pour unir leur destin à celui de la mère-patrie, notamment la révolution crétoise de la seconde moitié du XIXe siècle, ont également éveillé l’intérêt d’un certain nombre de philhellènes, mais, bien entendu, il n’y eut pas de vague de soutien massif. Lors de la guerre d’indépendance grecque de 1821, en effet, la fascination pour l’esprit de la Grèce antique, d’abord ressentie dans les cercles intellectuels, avait attiré un public de plus en plus large. Cette fascination s’est rapidement transformée en un intérêt pour les Grecs modernes et en une sympathie pour leur cause.

Il faut dire que la guerre de 1821 coïncide avec l’émergence du nationalisme tout autour du globe. Les nations européennes aspiraient aussi à transformer leurs pays de monarchies en États-nations, avec des gouvernements libéraux et des visions égalitaires et, finalement, démocratiques. C’est pourquoi l’épisode de la guerre d’indépendance grecque a suscité chez de nombreux citoyens européens un espoir pour leur propre pays.

Les panneaux installés dans les rues portant le nom des philhellènes offrent un aperçu de la vie de ces fougueux partisans venus de pays lointains pour défendre leur amour de l’idée de la Grèce et de la liberté.

https://www.walkingwiththephilhellenes.gr/el

www.ellet.gr


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