L’après-séance du Festival : Critique de La Douleur

L’après-séance du Festival : Critique de La Douleur

Le Festival du Film Francophone a décerné le Prix du Jury au film La Douleur. Le réalisateur, qui a été accueilli lors de la diffusion du film afin de parler du tournage, a su conquérir les membres du comité pour “avoir réussi à stimuler tous les sens et à assembler la littérature et l’image qui sont souvent contradictoires au cinéma”. La présidente du Festival a confirmé que “l”histoire de Marguerite Duras a bien été restituée dans le film qui est le résultat d’une symbiose entre l’image et le texte de l’écrivaine”. Revenons sur l’adaptation que propose le réalisateur Emmanuel Finkiel.

LA DOULEUR, UNE ÉCRIVAINE À CŒUR OUVERT – ★★★☆☆

Sortie en Grèce le 26 avril

La douleur qu’a pu ressentir Marguerite Duras lors de la déportation de son mari Robert Antelme, également écrivain et militant, est très bien perçue dans le film. Le malheur, l’incompréhension et même la frustration et l’impuissance sont les éléments centraux, autant présents dans la mise en scène et les couleurs en nuances de gris, que dans l’interprétation de Mélanie Thierry. Toutes les scènes sont très esthétiques et cadrées. A l’occasion, les vêtements et maquillages rouges  de Marguerite Duras arrivent à percer l’atmosphère sobre et triste de l’histoire, mais probablement pour rappeler, symboliquement, la perte qu’elle vient de vivre.

Nous avons ainsi l’opportunité de découvrir Marguerite Duras, à travers son oeuvre poétique éponyme. Les scènes sont ponctuées par ses phrases alors que l’histoire laisse apparaître une écrivaine prête à tout pour son mari. Elle ne s’empêche donc pas de contacter un agent de la Gestapo pour obtenir ses faveurs, tout en ne sachant pas qui a le réel contrôle sur cette relation douteuse. C’est ainsi un film très introspectif qu’Emmanuel Finkiel nous livre, fruit de la collaboration entre la création de l’écrivaine et celle du réalisateur. Les acteurs, Mélanie Thierry, Benoît Magimel et Benjamin Biolay sont aussi très convaincants dans leur rôle respectif et nous plongent bien dans l’histoire.

Le film est ainsi une belle bien que sombre représentation de ce qu’a pu vivre et ressentir Marguerite Duras, comme de nombreuses autres femmes et enfants durant la Seconde Guerre Mondiale. Le réalisme est poussé à un tel point que le spectateur semble même s’investir personnellement dans l’histoire, et éprouver cet immense vacuité et incompréhension qui est palpable. Néanmoins, le poids de cette douleur qui est tant perceptive et que le spectateur peut également ressentir, prend tout de même une très grande place dans l’intrigue. Le film est difficile émotionnellement et parfois même pesant, ce qui doit sans doute être l’ambition du film.

Ainsi, La Douleur a su conquérir le jury, par sa forte émotion et son intensité, mais également l’audience qui avait de nombreuses questions à poser sur la mise en scène. Le réalisateur a alors indiqué avoir eu l’occasion de prendre de nombreuses libertés lors du tournage puisque les acteurs le lui permettaient, ce qui justifierait bien le réalisme du film.

Johanna Bonenfant

 


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