L’après-séance du Festival : Le Brio et la Mélodie

L’après-séance du Festival : Le Brio et la Mélodie

À l’occasion de la sortie prochaine en Grèce des films français Le Brio et La Mélodie qui évoquent le thème de l’éducation sous différentes formes, nous avons décidé de vous en proposer une analyse qui vous permettra de saisir les enjeux qui peuvent être liés à l‘apprentissage.

Dates de sortie des deux films : courant juin

Le Brio, film de Yvan Attal pour lequel la chanteuse et actrice principale, Camélia Jordana, a gagné le César du meilleur espoir féminin, traite du thème de l’éloquence en évoquant le racisme et les relations professeur-étudiant. En effet, tout commence le jour où Neïla Salah, étudiante en droit à l’Université Panthéon-Assas, arrive en retard au cours du professeur au caractère difficile, Pierre Mazard. Dans cette université réputée d’extrême-droite, le professeur la prend pour cible et se retrouve rapidement sous les projecteurs des médias. Son poste sur la sellette, le directeur lui propose un deal : former l’étudiante au concours annuel d’éloquence, pour redorer cette mauvaise réputation qui leur colle à la peau. Les sous-entendus que ce professeur aux idées arrêtées fait à cette étudiante issue des banlieues crétoises leur permettent de mettre en perspective les leçons sur l’éloquence. Le but est d’argumenter pour défendre un point de vue, et non pour avoir raison.

Ce film met donc en lumière les jugements que peuvent subir les étrangers et ce phénomène d’exclusion sociale totalement basé sur l’origine et l’identité. Yvan Attal, après avoir fait un film sur la discrimination envers les juifs dans Ils sont partout, examine les conditions sociales des jeunes issus de banlieues. Car par ce film, il ne veut pas seulement proposer de belles phrases poétiques prononcées à la bonne heure, il veut dénoncer les traitements gratuits et insignifiants dont souffrent certaines personnes. Néanmoins, malgré cette volonté tout à fait louable, le scénario reste assez creux, déjà-vu. Les scènes sont très bien tournées, mais il manque un élément qui nous ferait apprécier les personnages et nous impliquerait dans leur projet. Nous avons donc une histoire agréable à regarder mais qui joue les équilibristes entre la dénonciation et un scénario un peu trop populaire et même ordinaire. Le film, qui évite un dénouement ordinaire, mais qui nous laisse tout de même sur notre fin, montre que les préjugés peuvent être surpassés et même remis en question grâce à l’éducation.

 

La Mélodie, de son côté, accueille le célèbre acteur de comédie Kad Merad, et dans un rôle qui ne lui ait pourtant pas familier ! Nous le retrouvons ainsi dans la peau d’un violoniste, qui devient – malgré lui – professeur dans une école d’élèves difficiles. Le contact est tout d’abord compliqué pour ce musicien dont les rêves de succès ont été ruinés. Mais le projet d’amener ces collégiens à la Philharmonie à la fin de l’année suscite de nouveau son intérêt lorsqu’il découvre que, derrière ces comportements parfois exagérés – où la violence et l’agressivité sont au premier plan – se dégage un intérêt et un talent artistique. Le professeur essaie donc de faire ressortir la sensibilité de ces personnes en difficulté par des exercices qui développent leurs instincts. L’éducation est ainsi un moyen, pour les élèves mais également le professeur, d’en savoir plus sur eux-mêmes et sur la musique. Celle-ci est un élément de partage puisqu’ils doivent trouver une harmonie entre eux. Les professeurs, que ce soit pour des élèves de la maternelle au secondaire, qu’ils soient qualifiés ou en difficulté, ou pour toute personne effectuant un métier social, peuvent se retrouver dans ce cas de figure et s’identifier à cette démarche.

Le réalisateur Rachid Hami, qui s’est fait connaître en 2004 dans L’Esquive, a su apprendre de ses expériences. Ce film illustrait en effet une histoire romantique entre un élève de banlieue et sa camarade de classe, qui apprend à jouer la pièce de théâtre de Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard. Ici, il a voulu développer plus en profondeur la thématique de la banlieue et l’apprentissage. La Mélodie, son premier film, est toute en sobriété et émotion. Et très bonne surprise : Les jeunes comédiens sont incroyablement convaincants et naturels dans leurs rôles respectifs. Le spectateur y croit et prend part à leur projet, à leurs difficultés et à leurs succès. Le film est donc humain, et réel puisqu’il est le reflet du programme Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) qui a déjà permis à 30 orchestres d’être créés, accueillant des jeunes de 8 à 14 ans. Le film ouvre donc les yeux sur les bienfaits d’un projet tel, qui arrive à créer du lien social.

Les deux films sont donc de bons exemples de ce qu’un professeur et un ou des élèves peuvent mutuellement s’apporter. Ils montrent ainsi à quel point l’éducation est essentielle et peut aider à se comprendre soi-même et comprendre l’autre, que ce soit par la parole, la musique ou par nombreux autres moyens.

Johanna Bonenfant


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