Chloé Moglia. Suspensioniste.

Chloé Moglia. Suspensioniste.

Cleo Moglia artiste suspendue en l'air, ni trapeziste ni actrice de Cirque @Piraos260, Athens Greece Afternoon performance

Isabelle Merminod et Tim Baster capturent la poésie callisthénique de l’artiste française Chloé Moglia, dont les perchoirs au-dessus de son cadre métallique de six mètres de haut ne peuvent être qualifiés que de «suspension in-croyables». Balançant, sans filets, autour d’une barre qui se faufile à peine autour de son corps, Chloé Moglia ne compte que sur ses mains calleuses et ses bras forts pour défier la gravité et même la mortalité.  Chloé Moglia, diplômée du célèbre Centre National des Arts du Cirque en France, combine la «force physique d’un athlète olympique et la grâce d’une danseuse de ballet», cherchant une forme de conscience supérieure pour elle-même et pour son public.

Chloé Moglia a fasciné le public lors de quatre interprétations de son exposition intitulée «Horizons» le 7 juin sur la place Syntagma et le 8 juin à Peiraios 260. Elle était à Athènes pour le festival d’Athènes et d’Épidaure, qui célèbre le théâtre, la danse et la musique, où l’artiste a expliqué qu’elle n’est ni une trapéziste ni une artiste de cirque et n’a pas vraiment de nom pour ce qu’elle fait. Chloé Moglia se définit comme «Suspensioniste». Ce qui est drôle par contre c’est qu’elle raconte avoir pleuré pendant deux jours quand on lui a dit qu’elle allait s’entraîner au trapèze au Centre National des Arts du Cirque, tellement elle était terrifiée par les hauteurs.

Sans filet

«Les gens me demandent: ‘Pourquoi n’y a-t-il pas de sécurité en dessous de moi ?’. La sécurité est dans ma tête, c’est dans mon corps et c’est dans ma perception. C’est dans mon professionnalisme, dans la légèreté d’esprit avec laquelle j’essaie de travailler et de me développer. C’est la vraie sécurité. Si un tapis de sécurité est en place, cela me dit que je peux tomber. Mais quand je suis tête baissée, même avec un tapis de sécurité à six mètres au-dessous de moi, je ne dois pas tomber. Donc, utiliser un tapis de sécurité me ment. Le tapis ne concerne pas ma sécurité, il s’agit de gérer l’anxiété des gens qui regardent. Je suis très sereine quand je travaille, je ne vais pas tomber; c’est très clair. Alors je n’ai pas besoin de tapis et je n’en ai pas.»

Six mètres plus haut sur le berceau en forme de croissant, son corps crée une série de formes qui semblent parfois défier le lien même avec la barre de métal qui la soutient.

Cleo Moglia an artist suspended in the air, neither on the trapeze or an actor from the circus @Syntagma square, Athens Greece Afternoon performance 2018-06-07

La suspension, un dialogue avec le monde et l’esprit

«Le spectacle ne concerne pas vraiment ce que je fais. Je pense que c’est ce que j’aime vraiment : c’est ce qui se passe entre toutes les personnes présentes. Ainsi, les gens peuvent être submergés par l’anxiété, la peur du vide ou de ma chute, et ils me projettent ces peurs. D’autres sont plus calmes au sujet de l’acte et projettent ce sentiment sur moi. C’est donc une forme de dialogue – une conversation entre les sensibilités des spectateurs et les miennes. Ce sera différent pour tout le monde.»

«La suspension elle-même est comme une porte d’entrée au monde. Mais c’est aussi une manière de vraiment entrer au cœur des questions. Lâcher prise et tenir? Quel est le vide? Quel est le poids? Qu’est ce que la gravité? Vous pouvez le regarder à travers la lentille de la physique, comme je l’ai fait moi-même pendant un certain temps, ou alors à travers la méditation. Cela ouvre un grand nombre de portes et c’est fascinant, j’ai le sentiment d’être en vie, de progresser, de questionner. C’est comme redevenir un enfant : quoi? comment? Oui c’est joyeux et vivant»

Cleo Moglia artiste suspendue en l’air, ni trapeziste ni actrice de Cirque @Piraos260, Athens Greece Evening performance

La maîtrise de soi

Chloé Moglia explique que l’entraînement est à trois niveaux différents : l’esprit, l’émotionnel et enfin le corps. Elle souligne que l’objectif est la «maîtrise» et non le «contrôle».

«J’ai un contour vague, je sais plus ou moins que je ferai ceci et l’autre. Je ne sais pas exactement dans quel ordre. Alors, quand j’y vais, je laisse tomber ce vague contour que j’utilise chaque fois. Je sais que je vais monter sur la corde… Enfin, je dois détendre mes bras. Mes bras doivent descendre pour que le sang puisse revitaliser les choses. Je joue un peu avec ça, mais en même temps je sais où cela se passe. Mais cela dépend de l’attention du public, de la luminosité, du ciel, du moment de la journée… et de tout mon être»

Isabelle Merminod est une photojournaliste indépendante et Tim Baster est journaliste indépendant. Ils se concentrent sur les questions de droits sociaux et humains. Ils sont fascinés par la culture, les coutumes et la vie grecque.

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