La crise grecque en débat

La crise grecque en débat

Le 6 mars dernier, au sein de l’Auditorium Theo Angelopoulos de l’Institut Français d’Athènes, s’est tenu dans le prolongement d’une journée d’étude organisée à Paris en décembre 2016, un débat sur la crise grecque intitulé « La crise grecque : crise en Europe ou crise européenne ? »

Parmi les invités, deux français, Pierre Mirel, ancien directeur de la DG chargé de l’élargissement des pays de l’ex-Yougoslavie à l’Union européenne et Christian Lequesne, ancien directeur du CERI (Centre de recherches internationales). A leur côté, le jeune Kyriakos Pierrakakis, directeur de recherches au sein du think tank DiaNEOsis et l’universitaire Georges Prévélakis de Paris 1, auteur notamment de Qui sont les grecs ? Une identité en crise paru l’année dernière, spécialiste de la géopolitique des Balkans et responsable scientifique de la journée d’étude de décembre 2016.

En face des quatre intervenants, l’Auditorium a fait le plein, une assistance composée de nombreux jeunes, curieux et concernés par l’avenir de la Grèce.

Modérés par la journaliste grecque Maria Sarafoglou, les échanges ont entrepris de défricher à l’aune du passé les raisons de la crise. Ce fut l’occasion de revenir à la veille de l’adhésion de la Grèce à la communauté européenne, à l’heure où on ne pouvait pas faire attendre Platon comme l’avait affirmé Valérie Giscard d’Estaing. Une référence à l’Antiquité glorieuse qu’une Europe en construction voulait mettre en avant. Ce sont dans ces références que monsieur Prévalakis voit le début des problèmes actuels, de par l’aveuglement des dirigeants de l’époque sur une Grèce peu préparée à l’entrée dans une communauté portée sur la compétitivité économique et qui, sans réformes, ne pouvait pas survivre dans ce modèle.

L’intervention de Pierre Mirel abonda dans ce sens, faisant un parallèle avec les politiques transitoires d’entrée dont ont bénéficié les pays d’Europe de l’Est et que la Grèce n’avait pas connues avant son adhésion en 81. La Grèce n’était pas prête, mais les dirigeants européens n’en ont pas tenu compte. Le débat s’orienta alors davantage sur la construction européenne et sur son avenir, une union qui ne pourra plus agir sans penser à cette crise, mais qui a sûrement gagné en sagesse selon les intervenants.

Dans une Europe qui s’avance au-devant de nouveaux enjeux et dans un monde en pleine évolution, il aurait pu être pertinent de continuer le débat dans une perspective globale et d’identifier les futures politiques que l’Union européenne aura à mener pour continuer d’avancer. Mais nous étions à Athènes, et si aucune place n’était restée libre dans l’auditorium, c’est par intérêt pour la question grecque avant toute chose et de son avenir. Le charismatique Kyriakos Pierrakakis était le mieux placé pour en parler. Directeur du très dynamique think tank DiaNEOsis, il a fait de l’analyse de la société grecque, de l’impact des réformes sur la population et des changements politiques et économiques à prévoir ses domaines de prédilections. Dans une intervention très rythmée, monsieur Pierrakakis s’est évertué à souligner les grands enjeux que la Grèce va connaître dans les prochaines années, tout en rappelant que la crise, tout au moins ses effets dramatiques, ne s’étaient pas évaporés. Immigration, fuite des cerveaux, retour de la géopolitique, les nouveaux défis ne manquent pas et il appartient à la Grèce d’aborder et de répondre de manière intelligente et efficace à ces enjeux.

Beaucoup de mains se levèrent au moment de la partie question-réponse de la soirée, symbole de l’attention particulière portée par le public. Loin de la résignation, la question de l’évolution du pays n’a pas fini d’occuper les discussions. Avec espoir, volonté et dynamisme, parions que les grecs et les européens feront de la timide embellie des derniers mois un horizon durable pour le pays.

 

EN PARALLÈLE : 75 entretiens en temps de crise

Paru en 2016 sous l’impulsion de Grèce Hebdo, le livre compile 75 entretiens collectés durant 4 ans par Costas Mavroïdis et Magdalini Varoucha. Des hommes et des femmes de tous horizons, grecs et français pour la plupart, nous parlent de la Grèce avec beaucoup d’espoir et de tendresse dans une période chaotique. Ecrivains, philosophes, ambassadeurs et scientifiques répondent aux questions des journalistes de Grèce Hebdo de façon très éclectique. Tantôt à travers une perspective historique, sociétale, artistique ou tantôt d’un point de vue plus politique et économique, 75 entretiens en temps de crise offre une multitude de regards différents sur la Grèce et ses habitants. Une excellente manière d’appréhender des thèmes et initiatives parfois peu connues et d’approfondir curiosité et connaissance sur des questions plus récurrentes.


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