L’après-séance du Festival : Critique de Djam

L’après-séance du Festival : Critique de Djam

Djam, sélectionné en « Projections Spéciales & Evénements » au Festival du Film Francophone, tient une place de choix à Athènes puisqu’il illustre l’expédition de deux jeunes femmes française et grecque, qui souhaitent se rendre en Turquie pour trouver la « pièce rare » qui réparera leur bateau.

DJAM, HYMNE À LA GRÈCE – ★★★★★

Sortie en salle (Grèce) le 12 avril 2018

L’identité visuelle de Tony Gatlif se retrouve bien dans ce film où la culture grecque est mise à l’honneur. Les musiques et danses traditionnelles grecques sont omniprésentes et surpassent même le scénario. Le périple, aussi fou et désorganisé qu’il soit, donne l’occasion de montrer ce qu’est la Grèce, ce qu’elle a été et ce qu’elle reste malgré la situation actuelle.

C’est à travers ses rencontres que Djam, cette jeune femme décomplexée et incontestablement libre, s’amuse et s’exprime avec son baglama qu’elle amène partout avec elle. Le mode de vie de ce personnage, très bien interprété par Daphné Patakia, est le fruit de son héritage : son beau-père est passionné de rebétiko, sa mère était une chanteuse expatriée et les membres de la famille qu’elle croise sur son chemin sont toujours prêts à sortir leur instrument (et ce, n’importe où !).

Symbole de la liberté même, elle est très naturelle et ouverte à toute proposition. C’est ainsi qu’elle accepte qu’Avril, une jeune française, l’accompagne jusqu’à la fin de son voyage. Le spectacle apprend, en même temps qu’elle, comment vivre la vie grecque et comment voyager sans argent et sans contraintes. Très différentes, les deux jeunes femmes se complètent tout de même dans ce périple qui est également signe de libération sexuelle. La nudité est très présente à travers le personnage sans pudeur de Djam, mais n’est jamais vulgaire ou inopportune. Elle arrive soudainement et repart comme elle est venue, et représente ce que les femmes peuvent se permettre après les événements de mai 68.

Ce film est aussi l’occasion de rappeler ce qu’il a pu se passer à Lesbos, mais sans en allant dans l’excès ou l’artifice. C’est à ce moment que le réalisateur choisit de faire, et c’est très opportun, une pause sous fond de musique grecque, à travers laquelle nous pouvons voir les bateaux écrasés sur le rivage et les gilets de sauvetage par milliers. La mise en scène est suggestive, comme un appel à la mémoire des migrants. Les difficultés financières que vivent les grecs sont aussi mises en relief à la fin du film, bonne occasion de crier de colère contre l’impuissance actuelle.

En résumé, ce film à tendance « feel good » est un hymne à la liberté et à la culture grecque. Avec ses moments de joies, de frivolités, d’émotions et de tristesses, Djam évoque les enjeux actuels en les liants aux traditions grecques et tout cela dans une ambiance insouciante. Aucune lenteur et aucun mélodrame – lorsqu’il y a de la tristesse, elle est jouée avec douceur et sobriété – n’est visible. Le film arrive donc à nous transporter dans cette histoire qui semble vraie et authentique.

Johanna Bonenfant


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