L’après-séance du Festival : Critique de La Promesse de l’Aube

L’après-séance du Festival : Critique de La Promesse de l’Aube

Cette année, c’est avec le film La Promesse de l’Aube du réalisateur français Eric Barbier, que le Festival du Film Francophone de Grèce s’est ouvert. La vie de l’écrivain français Romain Gary retranscrite à l’écran, de son enfance à la publication de ses premières œuvres, en passant surtout par sa relation particulière avec sa mère, a également gagné le Prix du Public. Une occasion de redécouvrir ensemble les inspirations qu’a pu avoir cet auteur qui a aussi été aviateur, militaire, diplomate et réalisateur.

LA PROMESSE DE L’AUBE, POUR L’AMOUR D’UNE MÈRE  – ★★★☆☆

Sortie en Grèce le 19 avril

Le roman autobiographique que Romain Gary a publié en 1960 intéresse encore aujourd’hui les cinéastes. Après le film de Jules Dassin qui a notamment mis en scène l’actrice grecque Melina Mercouri, c’est Eric Barbier, réalisateur de Le Dernier Diamant et Le Serpent qui reprend l’oeuvre du romancier. La présidente du Festival du Film Francophone d’Athènes, Laeticia Kulyk, indique que « Le film a été choisi car il est grand public, que son scénario est intéressant et qu’il met en avant les valeurs européennes et françaises. Nous voulions ouvrir cette 19ème édition du Festival avec un film en avant-première qui représente et consacre les films français, et le réalisateur nous a fait l’honneur de sa présence pour cette occasion ».

Ce biopic a ainsi l’ambition d’illustrer les relations que l’écrivain a eu avec sa mère, Mina Owczyńska. Celle-ci, représentée comme une femme qui sait ce qu’elle veut, que ce soit pour elle ou pour son fils, l’a énormément poussé dans sa carrière. Dès son enfance, Romain Gary devait «être quelqu’un », un soldat vertueux, un écrivain talentueux, mais ne jamais devenir peintre, métier qui est, pour elle, synonyme d’échec. Dans ses relations comme dans les grandes décisions de sa vie, Romain Gary suit les précieux conseils de sa mère, qui le soutient même lors de son service militaire. Les relations avec sa mère ont sans doute contribué à son succès littéraire – il est le seul à avoir gagné deux fois le Prix Goncourt, notamment sous le nom d’Emile Ajar. C’est ainsi qu’il est non seulement devenu écrivain, mais aussi diplomate, militaire, aviateur, romancier, scénariste et réalisateur.

Le scénario est retranscris avec beaucoup de détails et d’exactitude, les scènes très cadrées s’enchaînant sous des couleurs qui rappellent le froid de la Russie et, ensuite, l’époque de la Seconde Guerre Mondiale. Le rythme du film, rapide, laisse tout de même place à certains épisodes sortant de l’ordinaire qui plairont à certains et déplairont à d’autres. C’est ainsi que, lors de la remise de sa Légion d’Honneur, Romain Gary se retrouve enfant et paré d’un costume indien, devant Charles de Gaulle.

L’humour est agréablement présent dans un contexte qui paraît peu favorable, mais qui permet de détendre l’atmosphère du film. Néanmoins, nous regrettons que des pauses ou silences n’aient pas été plus développés. Les sentiments qu’éprouvent Romain Gary et sa mère ont du mal à se faire ressentir, ils sont simplement admis comme faits sans être mis en valeur. Dans certaines scènes, l’émotion aurait pu être plus poussée, celle-ci se perdant au milieu de ce tourbillon d’informations, et du jeu des acteurs. La performance de Charlotte Gainsbourg est cependant très convaincante, pleine de force et d’éloquence, et accompagne bien celle de Pierre Niney.

Le film La Promesse de l’Aube permet ainsi de mieux comprendre le parcours du célèbre écrivain français, de la Pologne, à la Russie jusqu’à Nice. Cette adaptation, plus claire que celle de Jules Dassin, a ainsi su retranscrire sa vie aux côtés de cette figure maternelle forte.

Johanna Bonenfant

 


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