Pâques à Athènes

Pâques à Athènes

Décider de rester à Athènes pour Pâques peut sembler incongru, mais c’est en réalité l’un des meilleurs moments pour profiter de ce que la ville a de meilleur : une température clémente, pas de foule, peu de trafic, et l’émergence du printemps à travers les odeurs de fleurs d’oranger qui embaument les rues et les plantes qui se déploient au milieu du béton.

En Grèce, la « Megali Evzomada », ou Semaine sainte, est plus importante encore que les fêtes de Noël, et les rituels sont différents du reste du monde. Aussi connu sous le nom de « Lambri » ou « glorieuse », Pâques est une fête que les Grecs aiment célébrer en famille. Plus d’un million d’Athéniens vont déserter la capitale ce week-end.

Le Vendredi saint, les magasins et les bureaux seront fermés, et la ville aura été désertée. Seules les cloches des églises berceront vos oreilles. Le jour de l’anniversaire de la descente du Christ de la Croix est un jour de deuil, et il est de bon goût de participer au jeûn (même l’huile d’olive est interdite). Le soir, chaque paroisse a son propre service et sa procession. Les croyants font la queue pour venir embrasser une image du Christ, comme ils le feraient à un enterrement. Songeant à leurs propres êtres chers disparus, et priant pour eux autant que pour Jésus, les croyants forment ensuite une longue traîne à la suite de la représentation de Jésus à travers chaque quartier. Ceux qui préfèrent une version plus urbaine peuvent se rendre à la Cathédrale métropolitaine d’Athènes, et suivre la procession jusqu’à la place Syntagma. Il est aussi très agréable de déambuler d’une église à l’autre dans Plaka ce soir-là.

Samedi est déjà un jour plus joyeux, alors que chacun se met à préparer les prochaines célébrations à venir. En fin de journée, tout le monde est habillé sur son 31 et prêt pour la cérémonie de la Résurrection. Toutes les églises, même à Athènes, sont pleines à craquer. Les enfants portent leurs nouvelles paires de chaussures (traditionnellement offertes par leurs parrains et marraines) et agitent leurs bougies décorées. À l’intérieur des églises, l’air est envahi d’encens, les chants byzantins se répètent inlassablement jusqu’à peu avant minuit. Alors toutes les lumières s’éteignent, et le prêtre émerge de son sanctuaire une bougie à la main – la lumière du Christ. Chacun peut dès lors allumer son cierge, s’embrasser et se souhaiter « Christos anesti (Christ est ressuscité) et répondre “Alithos anesti!” (oui, il est vraiment ressuscité).

Puis la ville retentit de feux d’artifices et de pétards. C’est le début de la fête qui va durer jusqu’au lundi de Pâques. Elle commence par le riche dîner de minuit où l’on consomme la maghiritsa, une soupe à base de tripes de mouton. Puis le lendemain dès les premières lueurs du jour, le dimanche de Pâques, chaque maisonnée « tourne » son agneau au barbecue et le déjeuner s’étire parfois jusqu’à 5 ou 6 heures de l’après-midi, entrecoupé de danses. L’idée est de fêter le retour du temps des plaisirs et des réjouissances après un long carême, ou plus simplement un long hiver… Plus besoin de s’abstenir de quoi que ce soit !

Toutes les familles restées dans Athènes posent leur barbecue dans un coin de la ville, une cour, une plage, un parc. Les chansons traditionnelles grecques sont à plein volume, et en fin d’après-midi chacun se met à danser et faire exploser sa joie en ce jour qui est probablement le jour préféré des Grecs, ce jour où l’on sort de la nuit pour retrouver la lumière.


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